Un de trop dans l'eau {pv Séraphine

Cela faisait quelques jours que j'étais sur l'île et j'avais déjà rejoins l'équipe de sauvetage en mer, les connaissances se sont rapidement faites, j'avais de supers collègues et j'étais vraiment content d'entrer sur le terrain. À un détail près, qu'il était tout à fait hors de question de mettre ma vie en danger à présent que j'avais commencé le travail. Fini le café, fini le thé, les soirées en boites et les autres situations de gros risques pour ma vie et ma carrière. Eh oui, les métiers de maitre nageur et sauveteur ne pardonnent pas l'épilepsie. Je devais absolument faire attention à ce que je faisais. Et voilà qu'en une belle journée ensoleillée et chaude sur la plage, les gens redevenaient fous. J'entends par là qu'ils sont tellement au courant des règles de sécurité qu'ils n'y font même plus attention, pensant que ce qu'ils font n'est pas dangereux. Alors du coup, c'était parti pour une mission sauvetage en bateau sur la côte rocailleuse.

Nous étions trois sur le bateau : le capitaine, ou le conducteur du bateau, -je ne suis pas encore familiarisé avec le vocabulaire- une magnifique blonde et moi. Le but de la mission? Vous m'excuserez je n'ai pas tout entendu, mais je pense qu'il s'agit d'aller repêcher des personnes s'étant mises en danger.

- Je plonge ou tu y vas? M'adressais-je à Séraphine.

J'étais penché sur l'avant du bateau à essayer de trouver des personnes à secourir, évidemment le soleil tapait tellement fort sur l'eau que cela m'en donnait quelques petits vertiges, alors je me reculais comme si de rien n'était et je détournais mon regard sur ma collègue.

Ébloui, voilà je cherchais le mot, j'étais totalement ébloui par le soleil et ses reflets sur l'eau. Un rien désorienté, j'attrapais une bouée à portée de ma main et j'écoutais la réponse de Séra, en regardant difficilement dans la direction qu'elle m'imposait. En effet, il y avait deux hommes à l'eau, ils ne devaient pas être plus vieux que nous, mais ils étaient plus imprudents que nous, ça c'était certain! Quelle idée d'aller du coté des falaises où le courant se fait plus fort, aussi?! Je me le demande... Je voyais donc plonger la demoiselle, et réticent, j'y allais également. J'allais secourir l'homme qu'elle m'avait indiqué à gauche, accompagné d'une bouée pour plus de sécurité. Nageant rapidement jusqu'à lui, l'attrapant par dessous les bras, je sentais les vagues me pousser sur la roche, mais je faisais tout pour garder ma position et rejoindre le bateau. Quand un rayon de soleil me frappa soudainement, je tentais de regarder la victime et je lui parlais gentiment, bien qu'il soit effrayé de se noyer, et qu'il s'agitait dans tous les sens.

- Est-ce que ça va?
- Oui... Je ... Je sais pas nager!
- Bah arrêtez de gigoter les bras dans tous les sens pour commencer, j'arriverais peut-être mieux à vous aider!

Mais l'homme bougeait trop et me stressait à mon tour. Pourtant j'étais habitué à ce genre de situations, mais cette lumière aveuglante dans un endroit instable, tout cela me perturbait. Nous étions à la mi-chemin du bateau, quand cet idiot me mit un coup de coude dans les côtes. Un instant ma respiration se stoppa et je commençais à trembler. Voilà qu'une crise se manifestait, bon sang quel idiot je faisais! Je passais prudemment la bouée autour du col de l'homme et je tentais de retourner au bateau. Mais c'était trop tard, les tremblements se faisaient plus forts, et comme je n'avais pas envie de mettre plus en danger cet homme... je lâchais prise sur lui. Je commençais donc à couler, sans même avoir pu appeler de l'aide. Heureusement la victime était en sécurité avec la bouée autour d'elle, elle ne risquait plus la noyade, contrairement à moi, qui n'arrivais plus à garder mon calme. Je tremblais, je suffoquais, je buvais la tasse en prime et mes jambes se tétanisaient, m'entrainant encore plus rapidement dans la noyade. Enfin je perdis connaissance au bout d'une minute.

Enfin j'avais perdu connaissance! Comment ça, je n'attendais que cela? C'est faux! Mais admettez que trembler de la sorte et ne plus pouvoir respirer font très peu de bien. D'ailleurs, la douleur de mes tremblements et les contractions musculaires disparaissait peu à peu. Ce fut immédiatement le soulagement. Mais il me restait encore deux douleurs à digérer : celle de l'eau dans mes poumons et celle d'avoir échoué à un sauvetage pourtant simple. Au lieu de cela, au lieu que ça soit moi qui sauve un homme, c'est moi qu'on devait sauver. Quelle idée stupide que de faire sauveteur quand même, mais d'où m'est venue cette idée?! Et pourquoi devais-je risquer ma peau pour celle des autres? Je n'en avais pas la moindre idée! Et pourtant cette adrénaline qu'on ressent quand on part au secours de quelqu'un, c'est... tellement fort, qu'on aurait presque envie d'y retourner, à chaque fois!

Mais je coulais toujours, cela fait déjà une bonne minute et demi que je n'étais plus à la surface. Le courant m'emportait légèrement vers la roche. Et se rapprochait tout à coup de moi, une jolie sirène blonde. Tandis que je me laissais glisser inconscient et immobile dans l'eau, elle m'attrapait rapidement et me hissait à la surface. Très vite, je sentais qu'on m'attrapait les bras et qu'on me sortait de l'eau. Bien sûr, j'arrivais à sentir très légèrement tout ce qui se passait autour de moi, ce fut comme si tout glissait sur ma peau, une sensation très légère, malgré que je ne respirais plus. D'ailleurs à ce propos, je pense que quelqu'un essayait de me réanimer, et criait mon nom. Que je revienne? Elle est facile à dire celle-là!

Je ne repris ma respiration que quelques instants après. Suffoquant. Les yeux toujours fermés et plissés à cause de l'eau, je soulevais très faiblement un bras, histoire de me redresser un minimum, pour cracher cette eau infecte.

Et là, tout me paraissait tout à coup plus limpide. Comme si je sortais d'une bulle tout simplement, mes sensations revenaient à la normale, j'étais allongé sur le bateau qui suivait les vagues, le ciel éblouissant juste en face. J'avais l'impression d'avoir le mal de mer, mais le vent rafraichissant me convainquait vivement du contraire. Toujours immobile, je regardais les victimes d'un air totalement ahuri, le pilote du bateau et celle qui m'avait repêché.

- Aaaaaaaah! J'ai honte... Me plaignais-je en me mettant sur le coté, dos à eux.

J'avais tellement honte que ma main gauche sur le sol se remettait à trembler. Heureusement sur le coté, je la cachais en la maintenant par ma main droite, et je toussais encore un peu.